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Dessiner entre, 2023

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‘’ Je suis reparti début 2023 au Japon de nombreuses semaines voir mon amie Sue Jong, la fin de l’hiver et l’arrivée d’Hanami.

J’ai fait une immersion très Yamabushi dans un nombre infini de jardins: des impressionnants Kenrokuen de Kanazawa et Shinjuku Gyoen de Tokyo, aux plus intimes jardins du musée Nezu et de la Villa Katsura, ou ceux de pierre du Daitoku-ji. Et je me suis imprégné de la forêt de montagne vers le Fuji-san, ou du côté du Mont Yotei sur l’île d’Hokkaido.

J’avais pour bagage mes encres et pinceaux traditionnels, la nature de Claude Lorrain bien en tête, ainsi que les leçons japonaises de l’architecture moderniste dont celles du voyage de Charlotte Perriand de 1940.

J’ai déniché sur place des trésors de papiers washi traditionnels, me suis initié au Kintsugi, au modelage, à l’ikebana...

Les questions de la domination ou de la fusion homme-nature m’ont accompagné chaque jour.

Et puis j’ai laissé le pinceau tenir les rênes ... ‘’

Marc Dubrule

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Niwa, 2023, encre de Chine et encre bistre « yama-guri » sur papier washi de mûrier fait à la main, ​h.44 x l.33.5 cm

Onikisu I, 2023, encre de Chine sur feuille or Takeo Mihondo, h.21 x l.29.7 cm

Onikisu II, 2023, encre de Chine sur feuille or Takeo Mihondo, h.21 x l.29.7 cm

À considérer l’art comme imitation de la nature, tout artiste s’applique à plagier le Dieu de la Genèse ou le démiurge du Chaos, et partant à se diviniser. C’est la vision de l’Occident. Elle n’est pas étrangère à ses sciences et ses techniques ; le processus créateur ne va pas sans dompter la matière. Aux antipodes de cette conception, se rejoignent les démarches d’Eizo Sakata et de Marc Dubrule. Une attitude de renoncement, une ascèse de la réserve leur sont communes. Enfin et surtout cette façon de laisser agir le substrat naturel en respectant son mystère. Marc Dubrule se fait une règle quasi morale de « ne pas peser sur la Terre » ; il s’en remet au simple principe de capillarité qui prévaut dans la diffusion de l’encre à travers la fibre du papier. Proche de cette manière, Eizo Sakata se borne à guider les réactions de l’eau de mer agissant sur l’encre de Chine ; on aurait en un autre temps parlé de « Noces chymiques ». Chacun partage la même foi dans l’ordre naturel. S’il fallait alors reporter la création artistique à un principe transcendant, celui-ci serait de l’ordre de la mystique de l’absence selon un Maître Eckhart, et, si proche de celle-ci, on trouverait la pensée Zen. Principe d’un Créateur s’anéantissant au moment-même qu’il crée et procédant par distraction. Distraction dans les deux sens du terme, celui de la chimie, celui de la conscience.

 

 

Dominique Pagnier

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